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Crise en Haïti : l’ONU va mettre en place un pont aérien avec la République dominicaine pour acheminer l’aide humanitaire

L’Organisation des Nations unies va mettre en place un « pont aérien » entre Haïti et la République dominicaine voisine pour venir en aide à la population haïtienne, a annoncé, mercredi 13 mars, la mission de l’ONU dans ce pays. L’objectif est d’assurer « la fluidité de l’aide et les mouvements de son personnel », a écrit sur X la mission.
Plus tôt dans la journée, l’organisation avait annoncé que son personnel « non essentiel » allait quitter le pays à partir de ce mercredi « en raison de la situation sécuritaire volatile », par la voix du porte-parole de l’ONU, qui n’a pas précisé le nombre de personnes concernées par ces départs. Une partie de ce personnel va être réinstallée temporairement « à l’extérieur », a expliqué plus tard la mission, ajoutant que l’arrivée d’autres membres de personnel « de crise » était attendue.
L’ONU, qui compte actuellement quelque 1 500 employés dans le pays, dont plus de 250 agents internationaux, « ne quitte pas Haïti », a insisté le communiqué, précisant que le personnel chargé « des activités vitales » allait poursuivre son travail.
Un « conseil présidentiel de transition » doit voir le jour pour tenter de rétablir un semblant de stabilité dans ce pays pauvre des Caraïbes miné par les gangs. Lundi soir, lors d’une réunion d’urgence en Jamaïque avec la participation de représentants haïtiens, la Communauté des Caraïbes (Caricom), l’ONU et plusieurs pays comme les Etats-Unis et la France avaient chargé des formations haïtiennes de mettre sur pied ce conseil transitoire.
Juste avant avait été annoncée la prochaine démission d’Ariel Henry. Nommé quelques jours avant l’assassinat en 2021 du président Jovenel Moïse, il était fortement contesté. Haïti, qui n’a connu aucune élection depuis 2016, est toujours sans chef d’Etat.
Le conseil présidentiel doit être formé de sept membres votants représentant les principales forces politiques en Haïti et le secteur privé. Il doit choisir un premier ministre intérimaire et nommer un gouvernement « inclusif ». Jean-Charles Moïse, du parti de gauche Pitit Desalin, a dit mercredi rejeter la formation de ce conseil et la plupart des partis contactés par l’Agence France-Presse (AFP) ont confié être encore en pourparlers.
Les gangs sont a priori exclus de la transition en préparation. Mais du fait de leur puissance de feu, ils risquent de peser. Ces bandes armées contrôlent des pans entiers du pays, notamment 80 % de la capitale, Port-au-Prince. Leurs violences – meurtres, viols, enlèvements contre rançon, pillages – se sont étendues jusqu’à des zones rurales auparavant considérées comme sûres, avait souligné l’ONU en novembre.
Dans une interview à la radio colombienne W, le chef de l’une de ces bandes armées, Jimmy Chérizier, surnommé « Barbecue », a assuré que la démission d’Ariel Henry lui « import[ait] peu ». « J’ai vu des pays de la Caricom en train de décider pour le peuple haïtien (…). Nous allons continuer la lutte pour la libération d’Haïti », a-t-il lancé.
Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a néanmoins exprimé l’espoir mercredi que le nouveau conseil de transition haïtien puisse être formé « dans les prochains jours », ce qui permettra l’envoi d’une force de sécurité dans le pays. M. Blinken a dit s’être entretenu mercredi en ce sens par téléphone avec le président kényan, William Ruto.
Le Kenya devait déployer un millier de policiers dans le pays dans le cadre d’une mission internationale soutenue par l’ONU, mais il avait annoncé sa suspension au vu de la situation. Le président kényan a confirmé que son pays « était prêt à diriger cette mission dès que ce nouveau conseil aura été mis en place – ce qui devrait se produire dans les prochains jours – et qu’un président intérimaire aura été élu », a affirmé M. Blinken.
« Rien de tout cela n’est facile. Rien de tout cela ne va se produire d’un jour à l’autre, a encore reconnu le chef de la diplomatie américaine. Mais au moins, il y a un plan, un processus en place pour y parvenir. » Les Etats-Unis ont annoncé avoir envoyé des marines pour protéger leur ambassade.
« Evidemment, la situation politique reste un peu floue », a reconnu le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, en exhortant à un accord pour ce conseil « aussi vite que possible ». « Ce que nous demandons, c’est que la communauté internationale accompagne au plus vite la création de cette mission de soutien, a-t-il ajouté. Je ne pense pas qu’il soit juste de faire reposer l’avenir d’Haïti, la sécurité en Haïti uniquement sur les épaules du Kenya. »
A Port-au-Prince, les activités commerciales ont repris mercredi et certains bureaux de l’administration publique ont rouvert leurs portes, selon un correspondant de l’AFP. Les établissements scolaires restent toutefois fermés, tout comme l’aéroport international.

Le Monde avec AFP
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